• Mardi 14 juin 2011 : Ljubljana, dans l'antre du dragon.

    Les dernières vacances ne sont pas si loin et pourtant ce break vient à point nommé. 6 jours pour déconnecter totalement, 6 jours pour profiter du moindre instant, 6 jours pour rencontrer peut-être et, à coup sûr, pour s'émerveiller. Partir en organisé a quelques avantages : par exemple, le partage des connaissances du guide, une rencontre avec les locaux parfois facilitée (quoi que) ou se laisser conduire sans s'occuper de rien ou presque. Mais voyager seul, c'est être maître de son temps et des décisions que l'on prend. C'est pouvoir s'offrir le luxe de rester une journée dans des coins méconnus qui le méritent ou de négliger un must-see des circuits touristiques. C'est également une chance de s'ouvrir à l'autre, voyageur solitaire ou local, et d'ainsi vivre non pas un seul mais plusieurs voyages en simultané. C'est enfin l'occasion de sauter sur une opportunité lorsqu'elle se présente.

    A l'arrivée, le temps est maussade : il bruine légèrement. Par contre, la visibilité sur les sommets environnants est totale. Le cadre me rappelle les coteaux du Comminges ou l'arrivée sur Bichkek il y a de cela 9 mois. L'aéroport étant à 25-30 km de la capitale, il faut rapidement dénicher la solution pour la rejoindre même si j'ai déjà mon idée. Coup de chance, je réussis à grimper à bord du bus de 13h peu avant son départ. Je viens de "gagner" une heure de visite en plus. Et cette heure, c'est justement le temps nécessaire pour couvrir la distance d'ici à Ljubljana en traversant de coquets petits villages, avant d'entrer dans ses faubourgs délabrés. En pénétrant dans le centre-ville, on perçoit par contre les efforts entrepris pour favoriser le tourisme.

    Déposé à la gare, je passe mon baptême du feu en voulant acheter un ticket de train pour demain. Vu mon départ très matinal, je préfère gagner du temps (de sommeil notamment). Et j'ai bien fait car je suis balloté d'un guichet à l'autre, soit que la personne en face de moi ne parle pas anglais, soit qu'elle m'envoie à un collègue. Après avoir passé le bonjour slovène à la plupart des guichetières et guichetiers, j'obtiens enfin gain de cause. Voyons le côté positif, je maîtrise bien à présent mon premier mot de slovène "Dober dan". Et je pense pouvoir devenir guide conférencier dans la gare de Ljubljana. Désolé par contre pour Janez, l'employé du guichet 3, que je n'ai pas eu le temps de voir. C'est promis dans 3 jours je passe te voir mon pote !

    Par contre ces allers et venues avec un sac de 15kg finissent par être fatigants. Je rejoins alors l'auberge de jeunesse pour l'y déposer avant d'aller à l'assaut de la ville. C'est un hôtel magique : quand je rentre il fait gris, quand je sors, le soleil est de retour. Si seulement ça marchait toujours comme ça !

    La fondation du Ljubljana est liée à une légende : Jason et ses Argonautes fuyant avec la Toison d'or remontèrent le Danube puis la Save et enfin, la Ljubljanica jusqu'au site actuel (sans carte, ça tient du coup de bol quand même). Ils se trouvèrent alors face à un monstre qu'ils affrontèrent et tuèrent : le Dragon, symbole de la ville actuelle.

    Le Dragon, symbole de Ljubljana

    Je me permets juste d'ajouter un appendice imaginaire à cette légende : dans son agonie, le Dragon murmura un nom imprononçable qui sert depuis de nom à la cité. Petite astuce : le "j" slovène, quand il s'entend, se prononce "ll" mouillé soit "Lioubliana".

    Le pays est passé sous de nombreuses influences au fil du temps. Celles-ci se retrouvent disséminées en divers endroits. Romaine sous le nom d'Emona d'abord. Il en reste une colonne figurant un citoyen drapé dans une toge ainsi qu'une muraille visible en différents coins de la ville.

    Place du Congrès - Colonne d'un citoyen d'Emona Vestiges de la muraille romaine

    Puis ce fut le passage des Huns qui rasèrent tout avant que les Slaves ne s'installent dans la foulée. Au XIVème siècle, elle tomba sous la domination des Habsbourgs. Le château qui veille sur la ville, date de cette époque dans une configuration proche de l'actuelle. On y accède par un funiculaire ou par de petits sentiers sinueux pas toujours bitumés. Les drogués du volant peuvent même y monter en voiture mais c'est vraiment dommage pour le coup.

    La colline du château et la LjubljanicaLe châteauLe château - extérieurLe château - cour intérieureLe château - muraille extérieureLe château - Funiculaire

    L'âge d'or de la ville est atteint : des académies ouvrent, des bibliothèques ... L'influence italienne se fait de plus en plus forte dans de nombreux domaines et le baroque pare la ville.

    Fontaine des 3 fleuves de la Carniole Plafond de la Cathédrale Eglise Franciscaine

    Une parenthèse s'ouvre au début des années 1800 : l'ère napoléonienne où la capitale dirige une région, l'Illyrie, s'étendant jusqu'à Dubrovnik.

    Place de la Révolution Française - Colonne à la mémoire de l'Illyrie napoléonienne

    Puis, elle est frappée de plusieurs événements qui la métamorphosent : un séisme l'anéantit en 1895. L'art nouveau va alors dominer l'architecture.

    Hôtel de Ville Marché projeté par Plecnik Université de Ljubljana

    Peu après, la première guerre mondiale met fin à la domination des Habsbourg et, avec le pays tout entier, Ljubljana bascule dans un nouvel état balkanique intégrant serbes et croates. Elle souffrira enfin de plus de 1000 jours d'isolement au cours de la seconde guerre mondiale sous occupation italienne puis allemande.

    Aujourd'hui, c'est une capitale à taille humaine : 276000 habitants dont 1/5 d'étudiants. Ce chiffre explique l'animation perpétuelle durant toute l'après-midi et le soir en bordure des quais, lieux envahis par d'innombrables terrasses continuellement bondées. Et les spectacles de rues rajoutent à la vie : musique, marionnettes ou, comme ce soir, spectacle de danse contemporaine. La chorégraphie de ce dernier étant un peu "spéciale", je finis par passer mon chemin pour circuler dans la ville à la nuit tombante.

    Marché de Plecnik et Triple Pont Fontaine illuminée d'or

    N'aimant généralement pas trop les villes, Ljubljana est une réconciliation car je ne m'y sens pas oppressé et que la nature n'est jamais bien loin. En quelques mots élogieux, elle ressemble à la petite soeur de Prague, en plus modeste mais tout aussi mignonne.

    La verdure au coeur de la ville

    Il faut cependant que je m'excuse publiquement à ce stade de mon voyage car, à l'instar des conquistadors emmenant les maladies dans le Nouveau Monde, j'ai moi-aussi importé, par manque de vigilance et de précaution, un virus foudroyant et typiquement français ... Qui a dit le camembert ? Pire, les manifestations ! Vraiment désolé. Voici la preuve en image si vous ne me croyez pas.

    Et la grève arriva en Slovénie

    Puis, vient le moment de retourner à l'auberge de jeunesse, le point de départ de mon tour du monde par la rencontre. Ce soir, 2 canadiennes et 1 étudiant japonais vivant à Dublin me racontent leurs vacances de 3 ou 4 semaines en Europe. Ces échanges me permettent souvent d'en savoir plus sur des lieux pour moi inconnus ou de me remémorer des sites déjà visités. Mes voisines de chambre du jour me conseillent Interlaken et Salzbourg lorsque le soleil est de la partie. Comment s'endormir mieux que sur de tels moments d'évasion quand on aime les voyages ?

    Dans ce type d'escapades, chacun de nous est une histoire, une trajectoire : l'une vient d'Autriche, l'autre d'Italie, une troisième de Croatie, une autre encore de Hongrie ... Dans des lieux de rencontres tels que celui-ci, toutes convergent et se rassemblent en un seul faisceau pour une durée éphémère avant de se séparer à nouveau quelques heures plus tard pour, chacune, aller explorer de nouvelles directions. Et c'est justement la fugacité de ces instants qui nous pousse à chaque fois à en profiter pleinement et à se livrer les uns aux autres sans trop de retenue. Les meilleurs exemples viendront dans les prochains jours de Quinn puis de Katarina notamment. Au cours de mes précédentes escapades, ma plus belle rencontre dans ce type d'hébergement a été Vicky, un indien rencontré à Londres qui faisait un tour en Europe. 1 soirée à discuter qui devient une journée de visites à 4 dans le coeur de la capitale anglaise et qui se solde par plusieurs années à correspondre !


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